mardi 18 octobre 2016

ENTRÉE CCXXVIII(228) - LES DEUILS II

ENTRÉE CCXXVIII
19-10-2016
LES DEUILS II

  • Et puis la résonance ?
Tout c'est bien passé. Aucun accrochage. En fait j'étais d'un calme inquiétant. Je me suis laissé faire et une fois attaché comme un saucisson on ma fourré dans la machine accompagné de BOB WALSH qui me chantait du bon blues. Trente minutes plus tard, plusieurs bruits bizarres plus tard et douleur au bras plus tard, je suis ressorti comme un petit four ! Hahaha quelle image.
  • Douleur au bras ?
Oui j"ai opté pour garder un bras derrière ma tête afin de ne pas me sentir trop coincé dans le tunnel, mais pendant 30 minutes c'était un peu long... et douloureux.
  • J'aimerais revenir sur notre sujet d'hier, les deuils, et comment tu vis cela? 
Bon ça y est ! Que veux tu savoir?
  • D'abord j'aimerais savoir s'il y a d'autres deuils que tu vis et que tu n'as pas mentionné hier. Il me semblait que tu portais beaucoup de choses non?
Tu veux savoir pourquoi je n'ai pas mentionné le deuil de ma mère j'imagine ? C'est parce que je parlais de deuils causés par ARNOLD. Le décès de ma mère n'est pas lié à ARNOLD. C'est simple non ?
  • Pas si vite p'tit fuyant. La mort de ta mère en effet n'est pas liée à ARNOLD. Mais ARNOLD a nuit pas mal à ta façon d'avoir vécu sa mort, non?
Oui en effet tu as raison, elle est décédée la journée que je suis sorti de l'hôpital, mais je ne vois toujours pas le lien que tu veux faire. La salon funéraire n'est qu'un vague souvenir dans ma tête comme les funérailles d'ailleurs. Et après ?
  • C'est un deuil de plus que tu vis non?  Le deuil du deuil de ta mère ?
Je n'avais pas vu cela de cette façon. Tu m'intrigues. Je vais devoir y penser fatiguant!
  • Hier tu as mentionné que l'émotion la plus forte est la tristesse, j'aimerais que tu m'en parles un peu plus.
C'est l'émotion qui me suit tous les jours. Je ne m'en défait jamais. Elle est omniprésente. Elle surgit chaque fois que je vois un des enfants et des petits enfants. Elle est là quand je pense à Nycole et l'avenir. À chaque fois que je suis épuisé et chaque fois que je dois dire non à quelque chose que j'aime faire par ce que je suis trop fatigué ou souffrant. Aujourd'hui j'ai dû mettre Matthieu dehors parce que j'étais trop fatigué. À chaque fois que je subis un examen ou ma chimio. À chaque fois que je suis avec mes ami-es et que le sujet  de l'avenir est abordé. Quand je vois ma soeur et mon beau frère. La tristesse est full présente à chaque fois que je pense à notre intimité de couple ou le fait que l'on doive penser à se préparer pour le pire. Chaque jour porte en lui la profonde tristesse qui m'habite. C'est un sentiment qui est profondément sombre et, sauf en certaines occasions, assez discret. Un sentiment noir, gros, laid et envahissant.
  • Pas facile de vivre avec cela ? Comment fais-tu ?
Il est là, je ne le suscite pas, je ne le cherche pas, il est simplement là. Je l'accueille quand il se manifeste, mais je tente de ne pas lui laisser trop de pouvoir.  C'est un sentiment qui m'est familier de toute façon. Je n'ai pas de mérite, je ne me bats pas avec. Je l'accueille du mieux que je peux et contrôle ses manifestations du mieux que je peux. Pas très efficacement je l'avoue, une vraie Madeleine (désolé pour les Madeleines) mais bon that's life.
  • Un sentiment familier ?
Oui un jour une psychologue m'a dit que je n'étais pas fait pour le bonheur.  Je l'ai cru, cela m'arrangeait faut croire et pendant des années je fus triste de ne pouvoir être heureux.
  • Tu faisais le deuil de ton bonheur ?
Ah très bon lien ! Oui sûrement que je faisais le deuil de mon bonheur. Jusqu'au jour où j'ai décidé que la psy était dans les patates. Le bonheur m'est aussi accessible qu'à n'importe qui d'autre. Le deuil s'est terminé là haha!
  • Mais pas la tristesse ?
Ben non, elle est revenue comme une vieille connaissance à cause d'ARNOLD. Mais je vis avec en concubinage (désolé Nycole). On fait un couple avec ses bons et mauvais moments. Est-ce qu'on a fait le tour COLOMBO ?
  • Hier tu disais ne pas vivre de colère ni de déni, en parlant des étapes du deuil. Comment  expliques tu cela ?
Quand j'ai été malade en août dernier et traité avec des antibiotiques intraveineux pour une supposé diverticulite j'ai compris qu'il y avait quelque chose de plus sérieux. La microbiologiste m'a dit un jour "Mr Pepper il y a quelque chose d'autre, car les antibios ne fonctionnent pas'". Dès ce moment je savais que c'était un cancer. JE LE SAVAIS. Donc quand la chirurgienne nous l'a annoncé, je n'ai eu aucune surprise. Je le savais. Je crois que cela explique pourquoi je n'ai pas vécu l'étape du déni.

Et pour ce qui est de la colère, je crois vraiment que c'est mon expérience aux soins palliatifs. Toutes les expressions de colère je les ai entendu et répondu dans bien des cas. Les pourquoi moi, qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter cela, je suis une bonne personne crisse alors que les crosseurs eux n'ont rien, si Dieu me guérit je ferais n'importe quoi, je viens de prendre ma retraite tabarnak, etc..... Mon travail était d'aidé les patients à cheminer là dedans. Alors tu imagines que je suis mal placé pour porter les mêmes questions, j'ai déjà les réponses. De toute façon, elles ne me sont jamais venues à l'idée. Oui je pense que mon expérience avec les mourants m'a bien préparé.

  • Hier tu disais vaciller entre le marchandage et l'étape dépressive. J'aimerais que tu me partages comment cela se vit chez toi ? Est-ce que le marchandage vient de la colère ou de la tristesse ? Est-ce que tu marchandes avec Dieu ?
De bonnes questions, mais là je suis vanné alors j"y reviendrai peut être dans le prochain blog. Ouffff tout un chemin, mais un chemin de VIE,

MERCI LA VIE.

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