ENTRÉE CCXXVII
17-10-2016
LES DEUILS
- Salut, cela fait longtemps que tu ne m'as pas adressé la parole!
Oui en effet j'avais besoin d'un temps de pause.
- Temps de pause ?
Oui je trouvais que j'avais assez de questions par moi même, je n'avais pas besoin des questions de mon alter ego.
- Que fuyais-tu ?
Tu vois c'est ce genre de questions qui m'ont un peu épuisé. Peut être que je fuyais quelque chose. Si oui je ne l'ai pas identifié encore.
- Tu veux parler de deuils. Qu'est-ce qui te préoccupe ?
Une récente discussion sur la colère m'a fait me questionner si peut-être je n'ai pas fait face aux nombreux deuils que je vis. Donc j'ai choisi de les énumérer.
- Tu es conscient des risques de faire cette énumération ?
Aujourd'hui j'ai pris une marche et je me suis rappelé le temps, pas si lointain, où je pratiquais la marche rapide presque tous les jours pour 45 minutes. Même un peu plus lointain où je faisais du jogging. Aujourd'hui j'ai pu marcher à peine 10 minutes et à un pas de tortue. C'est un deuil. La question de mon autonomie est vraiment mon plus gros deuil. Je dépends de gens, de médicaments, de personnel soignant, de secrétaires etc.... Je dépends énormément sur Nycole. Je suis dépendant. Juste penser à faire un petit nowhere seul de quelques jours devient compliqué et même anxiogène. Juste aller prendre une marche exige que je sois certain que je pourrai faire l'aller retour. Je dépends de mon fils pour faire les travaux sur le terrain. Je dois faire le deuil de mon passe temps préféré: le jardinage. Je dois faire le deuil de mon indépendance.
Un autre gros deuil se situe au niveau de ma sexualité. Voilà un sujet que je n'ai pas abordé beaucoup. Difficile à y faire face. Les personnes qui me connaissent savent à quel point ce sujet est important pour moi. Même l'intimité de dormir ensemble est plus difficile, car je choisi de dormir dans un fauteuil au salon pour des raisons liées à CACAHUÈTE. Aussi quand le corps est rempli de CHIMIVIE le sexe devient dangereux pour la partenaire. Plusieurs précautions doivent être prises. Pas de contact avec le sperme, condom obligatoire. Là je vous épargne la présence de CACAHUÈTE durant les rapports. Oui je pourrais porter un condom, mais cela ne fait pas partie de notre vie depuis bien des années. Ce n'est pas facile de mettre de côté ces irritants et avoir une relation sexuelle spontanée et épanouissante pour les deux partenaires. Je ne dis pas impossible, mais difficile, compliqué. Alors je fais le deuil d'une sexualité amusante, spontanée, épanouissante et vivifiante pour les deux partenaires.
J'ai dû aussi évidemment arrêter de travailler. Un travail dans lequel
je me suis investi énormément. Un nouveau dossier m'avait été confié
l'année avant que je quitte qui me permettait de mettre mes compétences
et ma vision au service de notre clientèle. Là je ne fais plus rien qui
me donne un sentiment d'accomplissement.
J'ai aussi le deuil de mon ministère liturgique. Il est vrai que j'avais beaucoup diminué avant ARNOLD, mais là je n'en fais plus du tout. C'est un charisme que j'aimais mettre au profit de l'Église surtout en présidant les baptêmes. Les rencontres avec les familles et les enfants me stimulaient beaucoup. Évidemment c'est souvent quand tu perds quelque chose que tu te rends compte à quel point tu aimais cela.
Le deuil de mon corps. Depuis l'opération évidemment mon corps a beaucoup changé. J'ai des cicatrices, j'ai CACAHUÈTE comme appendice permanent, j'ai mon portocath qui est apparent sous la peau. Je n'ai jamais eu un corps sexy, mais mon imaginaire me permettait de le penser et de le présenter ainsi à Nycole au besoin. Maintenant ce n'est plus possible, même mon imaginaire assez fertile ne peut faire une telle transition.
Je fais le deuil de vraiment pouvoir profiter d'événements et des personnes toute une journée. Je dois toujours me demander si cela va m'épuiser, si je vais en souffrir, si CACAHUÈTE va causer des problèmes. J'aimerais voir plus souvent mon fils humoriste (MATTHIEU PEPPER sur FACEBOOK) sur la scène, mais c'est toujours le soir et parfois tard. Quand on reçoit ou on est reçu serais-je capable de rester participatif sans que cela ne m'épuise, etc...
Je fais le deuil de vraiment pouvoir profiter d'événements et des personnes toute une journée. Je dois toujours me demander si cela va m'épuiser, si je vais en souffrir, si CACAHUÈTE va causer des problèmes. J'aimerais voir plus souvent mon fils humoriste (MATTHIEU PEPPER sur FACEBOOK) sur la scène, mais c'est toujours le soir et parfois tard. Quand on reçoit ou on est reçu serais-je capable de rester participatif sans que cela ne m'épuise, etc...
- Je t'arrête là. J'ai l'impression que tu pourrais continuer pendant longtemps. Comment te sens-tu?
- Pas de colère ? Tu la fuis?
- C'est la deuxième étape du deuil comme tu le sais.
- Ok il est assez tard, tu as ta résonance magnétique tôt demain matin.
MERCI LA VIE!
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