jeudi 13 octobre 2016

ENTRÉE CCXXVI(226) - ÊTRE HEUREUX !

ENTRÉE CCXXVI
13-10-2016
ÊTRE HEUREUX !


Mardi j'ai eu un autre traitement de chimio, mon dix neuvième, et aujourd'hui il s'est terminé. Ce traitement était augmenté, plus d'avastin, plus de leucovorin et le 5FU demeure le même. Je sais c'est du chinois, mais c'est cela. Je me sens absolument moche aujourd'hui, physiquement je suis au ralenti et faiblard, maux de tête, instable. Psychologiquement je suis dans la brume encore. 

Parfois trop d'information c'est comme pas assez. Il faut savoir se distancier des informations qui peuvent nous causer de l'anxiété. En tout cas, moi je me rends compte que certaines informations ont cet effet sur moi. Je dois me discipliner à éviter ces informations. Par contre je suis curieux et j'aime savoir. Je n'aime pas les surprises. Alors un dilemme. Quand j'ai l'information je deviens plutôt triste et déprimé et quand j'ai la chance d'avoir de l'information je saute dessus. Je n'en suis pas à ma première incohérence. 

Aujourd'hui, ce qui me trottait dans la tête c'était la question : qu'est ce je VEUX faire avec le temps qu'il me reste. Pourquoi cette question ? Parce qu'aujourd'hui j'étais convaincu qu'il ne me restais plus beaucoup de temps, en tout cas moins de temps que je croyais. C'est ça trop d'informations. C'est cela la déprime liée au traitement. Alors je me posais donc cette question existentielle: Qu'est-ce que je VEUX faire du temps qu'il me reste? 

Je n'arrive pas à identifier et à nommer ce que je veux. Comment est-ce que je souhaite vivre le temps que j'ai encore? En y pensant aujourd'hui particulièrement. car c'est une une question qui me revient souvent depuis l'arrivée d'ARNOLD dans ma vie, je me demandais : Mais pourquoi voudrais tu vivre différemment? En effet la question est bonne. Après tout, je suis comblé par ma famille et choyé par la VIE d'une certaine façon, malgré ce qui m'arrive, ce qui nous arrive. Alors pourquoi vouloir changé. Pour moi, et je comprends que d'autres ne puissent saisir, il est important que le temps qui me reste soit FERTILE. Encore là, je ne peut définir adéquatement ce que veut dire ce mot. Qu'est-ce que cela implique que d'être FERTILE à mon âge et dans ma condition?  J'y réfléchis et par moment je trouve la question trop grosse, trop anxiogène. Les choix que j'aimerais faire, quand il y en a, qui se pointent sont rendus impossibles à cause de ma situation de santé, ma fragilité, les traitements que je dois suivre, etc....

Alors comment être heureux en ce temps ? Là aussi on peut dire de quoi as-tu à te plaindre? Je le mentionnais plus haut que je suis choyé et aimé. Aujourd'hui mon amie me demandait ce qui me rendrait PLUS heureux et j'ai répondu en boutade : ne plus avoir cette crisse de maladie. Évidemment, cela n'est pas possible et je dois apprendre à être heureux avec ARNOLD ou malgré ARNOLD. Le constat sombre est celui de me rendre compte que je ne sais pas ce qui me rendrait PLUS heureux en ce temps. Ces questions sont plus fortes quand je suis affaiblit,  ce qui explique qu'elles reviennent cycliquement.  Je sais bien que je suis heureux,  j'oublie cela quand je suis plus moche. J'ai peur de penser à ce que ce sera quand la malade sera plus agressive.

Je me suis questionner aussi, à cause de l'échange avec mon amie, si j'étais bloqué dans une émotion refoulée qui m'empêchait d'être PLUS heureux ou d'identifier ce qui me rendrait PLUS heureux durant le temps qu'il me reste. Par exemple, j'ai souvent mentionné que je ne ressens pas de colère. Est-ce une étape bloquée en moi ? Est-ce que je fuis la colère ? Le temps saura me le dire probablement. L'émotion la plus forte en moi est la TRISTESSE. Une profonde TRISTESSE et le sentiment/jugement de CULPABILITÉ. Oui si ma famille vit tout ce qu'ARNOLD leur impose, c'est probablement à cause de ma négligence. Je ne me suis jamais vraiment très préoccupé de ma santé. Mais je ne crois pas que je refoule de la COLÈRE. En tout cas pour le moment, et depuis le début de l'arrivée d'ARNOLD, la colère ne fait pas partie de mon parcours. Je ne me sens pas bloqué à cette étape.

Une phrase que j'ai lu d'ECKART TOLLE aujourd'hui m'a beaucoup rejoint et reflète un peu ce que je tente de vivre depuis le début de cette bataille:  "Accept – then act. Whatever the present moment contains, accept it as if you had chosen it. Always work with it, not against it." Je ne dis pas que c'est facile et, de toute évidence, je ne réussis pas tout le temps, mais je crois que cela explique pourquoi la colère n'a jamais fait surface. J'ajouterais que je crois cependant que le moment présent est influencé par nos désirs et nos aspirations.  Et donc, il ne me faut pas penser que je n'ai qu'à m'asseoir sur mon steak et attendre oisivement le présent. Je n'y crois pas ! D'où mon questionnement : Qu'est-ce que je veux vivre durant le temps qu'il me reste, quelque soit la durée de ce temps ? 

Je termine en disant que d'ici quelques jours je devrais aller mieux.

MERCI LA VIE !

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