ENTRÉE CC (200)
30-08-2016
BILAN II.
Je poursuis donc le bilan de ma première année en arrêt de travail dû au cancer du colon stade 4 qui m'a été diagnostiqué.
Lise m'écrivait suite au bilan factuel publié hier: "Ouuuuuuf.... toute une année d'émotions!" Je partirais de là. Les personnes qui me connaissent bien, savent que je suis un émotif. Rien de nouveau sous le ciel dans cette affirmation. Mais cette année m'a confronté à une AVALANCHE d'émotions. Souvent mes émotions sont incontrôlables. Elles apparaissent à tout moment, avec n'importe qui et en tout lieux. C'est un peu gênant. Souvent je pense ou je dis même tout haut "maudites émotions que je suis tanné". Mais j'apprivoise de plus en plus cette réalité. J'ai toujours vu dans ma pratique l'émotion comme l'expression d'un besoin qui pointe ou d'un désir inassouvie, donc plus j'écoute l'émotion, plus je m'écoute. Aussi je découvre que de ne pas contrôler ses émotions ne fait pas de moi un dépressif, une moumoune (quoi que je me reconnaisse dans cette expression), une personne hors contrôle et abattue par la maladie, même si cela peut donner cette impression aux autres, moi je sais que je ne suis pas abattue (entéka pas encore). Pas de contrôle sur les émotions ne veut pas dire non plus qu'ARNOLD a le dessus. Cela m'indique que je suis en vie et que je me bats toujours. Que les émotions font partie de l'être que je suis, l'ont toujours fait et le feront toujours. C'est juste que là ce sont elles qui ont le contrôle d'une certaine façon et non pas moi.
Ce serait mon deuxième sujet le NON CONTRÔLE. Depuis le début de cette épisode avec ARNOLD je vis beaucoup cet aspect de ne plus contrôler rien. C'est ARNOLD qui dicte tous les mouvements de ma vie actuellement. Moi je n'ai qu'à suivre ce que les médecins, les infirmières, les réceptionnistes me disent ou plutôt me dictent. D'une certaine façon même mon entourage me contrôle. "Tu devrais te coucher, tu devrais prendre une pilule, tu devrais joindre un groupe, tu devrais te reposer plus, tu devrais accepter tes émotions, tu devrais en faire moins, tu devrais ....." Heureusement qu'ils sont là par contre, car parfois, je dis bien parfois, le "tu devrais" a plein de sens et est aidant. Mais encore là l'impression que je ne contrôle rien. Évidemment il n'en tient qu'à moi de refuser ou d'obtempérer, cela demeure ma décision, mais souvent je pense que les autres ont besoin de m'aider et que je devrais les écouter pour leur faire du bien, c'est fou hein! Mais je pense avoir passer par dessus cela. Donc l'impression d'être en contrôle de rien. Évidemment ce n'est qu'une impression, car j'ai quand même le dernier mot à dire: par exemple pour l'opération au foi, j'ai refusé. Pour les traitements je peux refuser ou accepter, sauf que les conséquences font que je n'ai pas vraiment un choix. Et voilà ce qui me donne l'impression du non contrôle, c'est que c'est ARNOLD qui contrôle et non pas moi. Ce bout là il est vrai. C'est lui qui dicte le genre de traitements que je vais avoir, plus agressifs ou moins agressifs, donc c'est lui qui contrôle les effets secondaires que je dois subir, aussi il contrôle quand je dois passer un scan, il contrôle même l'heure où je vais mourir. Voilà l'ultime non contrôle qui me donne l'impression que je n'en ai aucun. Cependant j'ai développé une plus grande capacité de contrôler ce qui à première vue m'apparaissait incontrôlable. Je revendique, je questionne, je nomme mes besoins, j'identifie ce que je veux et ne veux pas la plupart du temps. Et parfois je me dépasse, seulement pour montrer à ARNOLD qu'il ne m'aura pas, quitte à subir les contrecoups.
Ce qui m'amène à la réalité. J'ai dû apprendre, il était temps direz-vous, l'importance de rester dans la réalité. De refuser les scénarios d'horreur, et dieu sait que j'en ai eu plusieurs, même encore maintenant. Rester dans la réalité quand tu es un émotif. apeuré, émotivement hors de contrôle (ou presque), ce n'est pas facile. Mais c'est essentiel dans ma situation, dans toutes les situations j'imagine, de rester dans la réalité et de s'en tenir au factuel. "Les faits madame que les faits", disait un certain détective. Eh bien j'apprends et j'apprivoise de plus en plus l'art de revenir aux faits lorsque les scénarios font irruption dans ma tête. Nathalie me disait souvent lorsque j'étais à l'hôpital, rappelez-vous elle était mon chien de garde, "Ce n'est pas cela que la doc a dit papa. Les faits sont..." Une chance qu'elle m'aidait à rester branché. Elle me rappelait les faits et cela réduisait de beaucoup l'impact négatif de mes scénarios. J'ai donc appris.
Ce qui m'amène à la vulnérabilité. Accepter sa vulnérabilité n'est pas facile. Mais devant une malade chronique, débilitante comme le cancer il faut apprivoiser sa vulnérabilité. Actuellement ce n'est pas vraiment le cancer qui me rend vulnérable, en tout cas je le saurai bientôt, ce sont les traitements de chimio. Fatigue, douleurs, nausées, perte d'énergie, neuropathies font que seul je serais vraiment handicapé. Imaginez donc quand ARNOLD prendra le dessus sur tout cela, j'aime mieux ne pas y penser. Donc je dois, encore là je n'ai pas de contrôle, me fier sur tout un chacun pour m'aider. Dans ma vie j'ai eu des moments de vulnérabilité "passagers". une dépression importante et la fibromyalgie m'ont rendu vulnérable à l'époque, mais cette fois-ci c'est une toute autre histoire. Cela dure dans le temps et les besoins sont plus grands. Parfois j'ai besoin d'aide pour marcher, me lever, attacher ma chemise ou ouvrir un sachet. Soyons honnête je ne suis plus aussi autonome que j'étais. Parfois je n'ai pas besoin, mais quand cela m'arrive tout en moi se rebelle. Mais je n'ai pas le choix, je ne contrôle pas cet aspect et je DOIS accepter d'être aidé. Siméon me faisait remarquer que j'apprivoisais de plus en plus mes besoins. Je crois que par la force des choses, j'ai fait de grand pas. J'accueille l'aide que l'on m'offre même si parfois cela me fait me sentir diminué et faiblard. C'est ce que je suis hahaha.
Ce qui m'amène aux personnes qui m'aident et m'entourent. ARNOLD m'a permis de me rendre compte de tout l'amour qui m'entoure. J'ai découvert, grâce à ma vulnérabilité, que je suis aimé et soutenu par beaucoup de personnes. Nycole évidemment qui est fidèle, compatissante, aidante. réconfortante et soutenante malgré ce qu'elle vit, elle aussi,au travers tout cela. Elle est une présence indispensable dans ma vie depuis longtemps, mais depuis ARNOLD c'est encore plus probant. Mes enfants qui m'ont soutenu de façon remarquable par leur présence, les vidéos humoristiques, les textos ou courriels de soutien, je les sens très présents et soutenants pour moi. Nos amis Francine et Siméon qui dès le jour un ont répondu présents et non pas cessé de nous accompagner et nous soutenir de mille et une façon. Ma soeur et mon beau-frère qui nous démontre leur amour. Michèle, mon amie, qui a reçu mes anxiétés nocturnes à toute heure de la nuit. Et plusieurs dizaines d'étrangers ou connaissances distantes qui nous ont fait signe pour nous encourager. Et j'en oublie sûrement. Alors durant cette année j'ai découvert que j'étais aimé plus que je ne pouvais le penser. Alors tout un bonus.
Alors parlons des découvertes de cette année: j'ai découvert que je suis plus fort que je ne le pensais; que je suis plus aimé que je ne le pensais; que je suis capable d'accepter ma vulnérabilité et de laisser les autres m'aider; que je suis capable de ne pas rester dans mes scénarios néfastes et viser plutôt le moment présent; j'ai appris que certains amis ne sont pas vraiment des amis car ils m'ont abandonné pour différents prétextes ( sujet que je n'ai pas voulu aborder ici) ; j'ai appris que j'aime beaucoup écrire; j'ai appris que le moment présent est ce que j'ai de plus précieux. Et probablement que si je m'y arrêtais plus, j'en aurais encore plus à écrire. ARNOLD a envahi ma vie, l'a transformé, mais aussi a été le prétexte de pleins d'apprentissages positifs.
Je termine cette révision (oui je révise deux fois mes textes après publication ce qui explique que le texte peut varier après la première lecture que vous en faites), je disais donc que je termine cette révision assis au bord du lac, il est 7:06 du matin. En voici la preuve hahaha. Francine s'amuse.....
MERCI LA VIE!
Ce qui m'amène à la réalité. J'ai dû apprendre, il était temps direz-vous, l'importance de rester dans la réalité. De refuser les scénarios d'horreur, et dieu sait que j'en ai eu plusieurs, même encore maintenant. Rester dans la réalité quand tu es un émotif. apeuré, émotivement hors de contrôle (ou presque), ce n'est pas facile. Mais c'est essentiel dans ma situation, dans toutes les situations j'imagine, de rester dans la réalité et de s'en tenir au factuel. "Les faits madame que les faits", disait un certain détective. Eh bien j'apprends et j'apprivoise de plus en plus l'art de revenir aux faits lorsque les scénarios font irruption dans ma tête. Nathalie me disait souvent lorsque j'étais à l'hôpital, rappelez-vous elle était mon chien de garde, "Ce n'est pas cela que la doc a dit papa. Les faits sont..." Une chance qu'elle m'aidait à rester branché. Elle me rappelait les faits et cela réduisait de beaucoup l'impact négatif de mes scénarios. J'ai donc appris.
Ce qui m'amène à la vulnérabilité. Accepter sa vulnérabilité n'est pas facile. Mais devant une malade chronique, débilitante comme le cancer il faut apprivoiser sa vulnérabilité. Actuellement ce n'est pas vraiment le cancer qui me rend vulnérable, en tout cas je le saurai bientôt, ce sont les traitements de chimio. Fatigue, douleurs, nausées, perte d'énergie, neuropathies font que seul je serais vraiment handicapé. Imaginez donc quand ARNOLD prendra le dessus sur tout cela, j'aime mieux ne pas y penser. Donc je dois, encore là je n'ai pas de contrôle, me fier sur tout un chacun pour m'aider. Dans ma vie j'ai eu des moments de vulnérabilité "passagers". une dépression importante et la fibromyalgie m'ont rendu vulnérable à l'époque, mais cette fois-ci c'est une toute autre histoire. Cela dure dans le temps et les besoins sont plus grands. Parfois j'ai besoin d'aide pour marcher, me lever, attacher ma chemise ou ouvrir un sachet. Soyons honnête je ne suis plus aussi autonome que j'étais. Parfois je n'ai pas besoin, mais quand cela m'arrive tout en moi se rebelle. Mais je n'ai pas le choix, je ne contrôle pas cet aspect et je DOIS accepter d'être aidé. Siméon me faisait remarquer que j'apprivoisais de plus en plus mes besoins. Je crois que par la force des choses, j'ai fait de grand pas. J'accueille l'aide que l'on m'offre même si parfois cela me fait me sentir diminué et faiblard. C'est ce que je suis hahaha.
Ce qui m'amène aux personnes qui m'aident et m'entourent. ARNOLD m'a permis de me rendre compte de tout l'amour qui m'entoure. J'ai découvert, grâce à ma vulnérabilité, que je suis aimé et soutenu par beaucoup de personnes. Nycole évidemment qui est fidèle, compatissante, aidante. réconfortante et soutenante malgré ce qu'elle vit, elle aussi,au travers tout cela. Elle est une présence indispensable dans ma vie depuis longtemps, mais depuis ARNOLD c'est encore plus probant. Mes enfants qui m'ont soutenu de façon remarquable par leur présence, les vidéos humoristiques, les textos ou courriels de soutien, je les sens très présents et soutenants pour moi. Nos amis Francine et Siméon qui dès le jour un ont répondu présents et non pas cessé de nous accompagner et nous soutenir de mille et une façon. Ma soeur et mon beau-frère qui nous démontre leur amour. Michèle, mon amie, qui a reçu mes anxiétés nocturnes à toute heure de la nuit. Et plusieurs dizaines d'étrangers ou connaissances distantes qui nous ont fait signe pour nous encourager. Et j'en oublie sûrement. Alors durant cette année j'ai découvert que j'étais aimé plus que je ne pouvais le penser. Alors tout un bonus.
Alors parlons des découvertes de cette année: j'ai découvert que je suis plus fort que je ne le pensais; que je suis plus aimé que je ne le pensais; que je suis capable d'accepter ma vulnérabilité et de laisser les autres m'aider; que je suis capable de ne pas rester dans mes scénarios néfastes et viser plutôt le moment présent; j'ai appris que certains amis ne sont pas vraiment des amis car ils m'ont abandonné pour différents prétextes ( sujet que je n'ai pas voulu aborder ici) ; j'ai appris que j'aime beaucoup écrire; j'ai appris que le moment présent est ce que j'ai de plus précieux. Et probablement que si je m'y arrêtais plus, j'en aurais encore plus à écrire. ARNOLD a envahi ma vie, l'a transformé, mais aussi a été le prétexte de pleins d'apprentissages positifs.
Je termine cette révision (oui je révise deux fois mes textes après publication ce qui explique que le texte peut varier après la première lecture que vous en faites), je disais donc que je termine cette révision assis au bord du lac, il est 7:06 du matin. En voici la preuve hahaha. Francine s'amuse.....
MERCI LA VIE!