ENTRÉE CCLXXXII
13-02-2017
HÉSITATION - ABANDON
- Tu hésites d'abandonner qui ?
Non non, j'hésite simplement d'aborder le sujet de l'abandon. Certains membre d'un site de personnes atteintes du cancer auquel j'appartiens ont abordé le sujet de l'abandon. En lisant certains commentaires je me suis surpris à vivre certaines réactions émotives lesquelles je réalise, je retiens intérieurement depuis un bon moment.
- Tu te retiens pourquoi ?
Différentes raisons je pense, mais les deux plus importantes sont la peur de paraître nécessiteux et la peur de blesser les gens. En parler c'est comme dire aux distants venez me dire que vous m'aimez en prenant du temps avec moi. C'est la raison principale qui a fait que j'ai peu aborder ce sujet.
- Es-tu nécessiteux ?
Qui n'aime pas se faire dire je t'aime par les gens autour de lui ? Ou encore, simplement se faire dire je pense à toi, tu es important pour moi, je te soutiens... ! En ce sens, je dirais que oui je suis nécessiteux, mais beaucoup moins que je ne l'ai déjà été. J'ai beaucoup travaillé cela dans ma vie et dans cette dernière année particulièrement. Aussi, j'ai appris à me centrer sur les personnes de mon entourage qui sont importantes dans ma vie et qui, elles, donnent sens à ma vie. Voilà ce qui compte. Tant mieux si d'autres sont présents sur ma route, mais je n'ai jamais chercher à avoir un entourage très nombreux et ce, pour différentes raisons qu'un jour j'aborderai peut-être. En ce sens, je n'ai probablement que moi à blâmer pour la solitude ressentie parfois. J'avoue ressentir cette solitude plus envers les absences de présence de personnes qui ont tendus une main, mais sans lendemain.
- D'où ta peur de blesser en parlant de ce sujet ?
Oui. En lisant sur le site en question certains commentaires sur ce sujet, je me suis retrouvé en pays de connaissance. Sentiment d'avoir été abandonné par des amis, des collègues, des membres de leur famille etc.... Je me suis permis de faire un bout de réflexion sur mon parcours des derniers mois et reconnaître ma peine ou ma tristesse liée à ces "abandons." Combien de personnes m'ont tendu la main en disant j'aimerais aller te voir, je vais t'appeler, je prendrai de tes nouvelles etc... et ne rien faire ! C'est blessant. Je pense que ces personnes n'ont pas souffert dans leur vie de ce genre "d'abandon" pour le faire subir à un autre être humain. Mais honnêtement ce qui est encore plus souffrant ce sont les personnes qui ont entrepris la démarche de prendre contact soit en visitant, en écrivant ou en appelant et qui tout d'un coup ont disparu. Il y eut un moment quelques mois après mon opération que j'avais peine à gérer les demandes de visite. Maintenant plus rien ! À la blague je lance parfois en boutade "faut croire que je ne meurs pas assez vite."
- As-tu une idée pourquoi c'est comme cela ?
Bofff. Il y en a plusieurs je pense. Ce n'est pas facile de regarder la mort en face. Même si moi je suis dans la VIE je peux comprendre que les gens qui me fréquentent pensent à la mort. Même si j'ai peu de signe de la maladie encore, un malaise peut s'installer chez certaines personnes: "Qu'est-ce que je vais dire ?" " De quoi allons-nous parler ?' "Parfois il pleure et cela me fait mal . " " Je vais pleurer si la conversation vient sur sa maladie. " Plusieurs inquiétudes du genre peuvent empêcher la relation. Aussi une autre que j'entends beaucoup "Je ne veux pas te déranger." Il y a aussi la responsabilité de la personne malade. Moi je me souviens bien qu'au début de ma maladie je ne voulais voir personne. Je voulais prendre le temps de vivre cela avec ma garde rapprochée. J'ai probablement envoyé ce message à plusieurs personnes qui ne s'en sont pas remis encore. Parfois ça prend pas grand chose. Aussi j'ai créé mon blog qui informe les intéressés au quotidien ou presque de ma santé, alors c'est facile de justifier ne pas prendre contact.
- Donc tu es responsable de cette distance ?
Certainement que j'ai ma part de responsabilité. Cependant, j'inviterais les gens qui ont une personne malade dans leur entourage de garder en tête la notion de "solitude du malade." La personne qui est atteinte d'une maladie terminale vit énormément de solitude. Tout ce que vous pouvez faire pour atténuer cette solitude serait certainement grandement apprécié par la personne malade, mais aussi de son entourage qui porte tout le fardeau. Faites confiance que vous aurez les mots. Sachez qu'écouter est plus important que de parler. La personne malade peut avoir besoin de parler de sa maladie, mais croyez-moi elle peut aussi avoir besoin de parler de bien d'autres choses afin d'être distraite de sa maladie. Mais attention de ne pas ignorez sa maladie. N'ayez pas peur de la déranger, elle n'a rien d'autre à faire que d'être dérangée. Surtout quand elle n'est pas très malade encore. Elle saura vous le dire si vous la dérangez.
- Comment vis-tu cet "abandon" personnellement ?
Honnêtement, je travaille fort pour ne pas me laisser trop abattre par cela et surtout de ne pas trop juger les personnes distantes. Chaque personne a sa vie à vivre et certainement que le rythme effréné de celle-ci peut justifier une certaine distance. Je suis un solitaire de nature et donc je ne ressens pas nécessairement le besoin d'un va et vient constant.
- Belles rationalisations cher Marc, ta peur de blesser est évidente dans tes mots. Mais toi tu vis cela comment cet abandon ?
Hahaha ! De toute évidence difficilement sinon je n'en parlerais pas. Encore une fois quand quelqu'un te dit je vais passer te voir, je vais t'appeler, restons en contact et ne donne pas suite, c'est très souffrant. Quand certaines personnes prennent contact et ensuite t'ignorent, c'est évidemment blessant. Bon es tu content ? Ceci étant dit je reconnais que ce que je disais plus haut vient nuancer ce sentiment d'abandon.
MERCI LA VIE !
Aucun commentaire:
Publier un commentaire