jeudi 30 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLVI(346) - LE CONTRAT

ENTRÉE CCCXLVI
30-11-2017
LE CONTRAT

  • Tu as eu un contrat de quoi ?
Non non je n'ai pas eu un contrat, mais je crois que je vais en faire un avec moi même. Francine m'a fait cette suggestion l'autre jour dans le contexte que peut-être mes traitements arrêteraient et que je devais me donner comme une marche à suivre.
  • Et donc le contrat dis quoi ?
 Je ne sais pas encore, mais cette suggestion m'a fait réfléchir. Qu'est ce que je vais faire cette année ? Je pensais arrêté mes traitements hier mais heureusement mes CEA ont augmenté seulement un peu. Donc le traitement a encore un effet répressif. Alors on poursuite encore quelques mois. Donc plus de temps encore. Qu'est-ce que je vais faire avec ce temps? Voilà ce que devrait comporter mon contrat.
  • As-tu des pistes ?
Oui absolument. J'aimerais travailler plus sur ma zénitude, éliminer le négatif de mon quotidien. Je voudrais faire un peu de bénévolat, je veux recommencer le QI GONG pour aider ma forme physique, je veux me donner du temps de prière et de méditation, j'aimerais écrire encore plus, j'aimerais faire des conférences en lien avec mon livre, j'aimerais prendre des marches pour respirer la nature. Et je pourrais continuer longtemps.
  • Tu ne manques pas d'idées !
Non mais évidemment il faudra que je choisisse  parce que je tiens à ne pas  occulter ma vie de famille. Elle doit demeurer prioritaire. Pour m'aider dans mon intention de profiter au maximum du temps qui me reste, j'ai demandé une consultation en psychologie. Je travaillerai à mieux comprendre ce qui se passe en moi. Ce sera mon point de départ pour mon contrat avec moi même.
  • Qu'est ce que tu souhaiterais le plus ?
Autre que guérir tu veux dire ? Être capable de redonner à Nycole une partie de tout l'amour qu'elle m'a donné. Démontrer aux miens combien je les aime et combien ils sont importants dans ma vie. Je sais très bien qu'ils me diront que c'est fait déjà. Mais je ne le sens pas... Je m'en demande sûrement trop. Outre ce souhait assez abstrait n'est-ce pas, je souhaiterais aider encore, faire un peu de ministère et me sentir un peu plus fort. 
  • Il me semble qu'il y a là un début de contrat non ?
Possiblement mais je ne veux pas aller trop rapidement. Je veux être réaliste pour ne pas vivre une autre déception. 
  • Une autre déception?
Oui toute ma vie j'ai eu plein de projets de tout genre. pleins de résolutions mais peu de réalisations.  Alors je veux choisir des pistes que j'accomplirai et qui me feront du bien. Comprends moi bien, j'ai aussi eu plusieurs réalisations dans ma vie dont je suis assez fier et pour lesquelles je suis reconnaissant d'avoir été bien entouré afin qu'elles se réalisent.
  • Donc j'ai l'impression que tu es très exigeant pour toi même. L'ordinaire de la vie ne te satisfait pas. Je me trompe ?
J'y travaille crois moi...  Mais c'est plus fort que moi. Je sais bien que ce n'est pas ce qui compte le plus. En même temps le monde ne changera pas si tout le monde se contente de l'ordinaire du quotidien. Hahaha... tu vois J'ai encore du chemin à faire.  Mais je suis entouré de gens qui transforment le monde depuis longtemps. Nycole avec la paroisse, Nathalie et Patricia avec leur travail en santé mental, Matthieu qui fait rire, Christopher qui rend les gens heureux en les conseillant pour leur voyage de rêve, Mélissa qui préside le c.a. du cimetière, Francine et Siméon avec leurs engagements au Centre Marie-Ève et les religieuses de la Providence,  etc... Moi je cuisine, je fais du ménage et je dors.... hahaha. Rien de mal à s'occuper de la maison évidemment mais...
  • Ok ok j'ai compris...
Remarque que l'oncologue m'a fait comme remarque que mon travail est de m'occuper de moi et qu'elle trouvait que depuis deux ans j'avais travailler fort.
 
MERCI LA VIE!

lundi 27 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLV(345) - PERDRE SON COMBAT

ENTRÉE CCCXLV
27-11-2017
PERDRE SON COMBAT

  • Tu parles de Patrick Bourgeois?
En effet c'est son décès et la couverture médiatique qui m'amène à parler de ce sujet PERDRE SON COMBAT! Je déteste l'expression IL A PERDU SON COMBAT CONTRE LE CANCER. On l'entend à outrance depuis trop d'années. Et là depuis le décès de Patrick Bourgeois c'est sur toutes les lèvres médiatiques. Vraiment comment justifier une telle expression ? C'est quoi perdre son combat ? Qu'est-ce qui définit la perte, quels critères le détermine ? Tout le monde finit pas mourir et donc ainsi nous serions tous perdants ? 
  • Qu'est ce qui te dérange dans cette expression ?
Oh ce n'est pas que moi. Mon fil twitter aujourd'hui faisait écho de plusieurs  personnes qui tout comme moi n'apprécie pas cette expression. Pourquoi? parce que l'affirmer c'est comme dire que la personne a manqué de force, de courage, de détermination !  Qui se rappelle de qui a perdu, non on se souvient des gagnants. À ce que je sache, et selon le témoignage de son épouse et son entourage, M Bourgeois a été fidèle à lui-même jusqu'à la fin. Ça, à mon point de vue c'est un gagnant. Il est mort debout. Certains diront il n'y a pas de gagnant contre la mort. Je suis en désaccord.  Vivre sa mort au lieu de mourir sa vie est l'apanage d'un gagnant ! Dans ma foi je crois fermement que la mort n'a pas le dernier mot. La VIE est beaucoup plus forte que la mort.
  • Cela suscite beaucoup d'émotions chez toi?
Disons que cela me touche personnellement et profondément dans mes convictions. Particulièrement ces jours-ci où je me sens plus déprimé et découragé. Cette expression trop souvent utilisée est comme un coup de fouet sur ma propre lassitude afin que je ne tombe pas dans le piège de me laisser aller parce que je me sens moche et faible. En ce sens il m'aide aussi dans ma réflexion précédente sur CHOISIR OU ABANDONNER qui a suscité plusieurs réactions.
  • Ah oui tu vois un lien ?
D'une certaine façon, que je choisisse de poursuivre des traitements plus envahissants ou que je choisisse de les arrêter, c'est la manière dont je vivrai le temps qui me reste qui définit si je suis un gagnant ou pas (je suis conscient que le mot gagnant est inadéquat dans cette discussion). M’apitoyer sur mon sort n'est pas une façon gagnante de VIE. Ce serait bien au contraire une abdication face à ARNOLD. Je le dis depuis le début qu'ARNOLD ne gagnera pas si je suis capable de demeurer fidèle à qui je suis. EN fait meilleur que qui j'étais même avant son arrivée. Nycole me dit souvent combien elle est admirative de voir comment je me suis tenu devant ARNOLD depuis le début. Elle ne l'aurait pas cru possible. Ce qui me dit qu'ARNOLD m'a fait grandir d'une certaine façon. Il m'a poussé à me dépasser. NON NON je ne dirai pas merci ARNOLD! Mais tu vois ce que je veux dire.
  • En ce sens tu es gagnant?
Je le crois vraiment. Comme homme je suis gagnant de rester qui je suis ou même meilleur au coeur de cette "bataille" et comme croyant  je suis gagnant en ne laissant pas ARNOLD m'enlever mes convictions que la mort n'a pas le dernier mot. La VIE est plus forte que la mort ! Donc cessons de dire que les personnes PERDENT leur combat avec le cancer. D'ailleurs, comme le mentionnait quelqu'un sur twitter, on ne parle pas comme ça pour d'autres maladies, seulement le cancer. Qui ne connait pas quelqu'un qui est décédé du cancer ? Ces personnes serait toutes des perdantes ? Peu empathique pour les proches de ces personnes.
  • Et pour toi ?
Avec toutes mes limitations et jusqu'à mon dernier souflle je souhaite, je désire ardemment, je prie pour que je demeure bien en VIE  et ainsi que je sois le gagnant !

MERCI LA VIE.


samedi 25 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLIV(344) - CHOISIR OU ABANDONNER ?

ENTRÉE CCCXLIV
24-11-2017
CHOISIR OU ABANDONNER?

  • Tu as mis un point d'interrogation à la fin de ton titre.
Quand j'étais chef du service des soins spirituels dans mon CISSS un de mes collègue me parle d'un patient qui avait choisi de cesser ses traitements de dialyse. "Il choisit la mort, il abandonne sur la vie, J'ai de la difficulté avec cette décision." Je me souviens de lui avoir répondu que le patient ne choisissait pas d'abandonner sa vie mais faisait un choix pour sa fin de vie.
  • Cela m'apparaît logique non ?
 Moi aussi évidemment puisque je lui ai fait cette réponse. Mon amie m'a fait le même commentaire ou presque ce soir suite au fait que je ne crois pas accepter de poursuivre vers un autre protocole quand celui-ci sera arrêté.  Nycole et moi nous nous attendons que l'oncologue voudra cesser le traitement lors de mon prochain rendez-vous.
  • Et tu te sens comment par rapport à ce possible arrêt?
En ce moment je dirais que je suis au maximum de mon écoeurantite de tous les traitements et de me sentir comme un zombie. Je n'ai pas du tout le goût de recommencer des traitements qui vont me rendre encore plus malade. L'oncologue me prédit quelques semaoies de sursis seulement avec le traitement qu'elle pourrait me proposer.
  • Donc tu devras faire un choix et tu as l'impression que ce serait un abandon de ta part si tu choisis de ne pas poursuivre les traitements, c'est cela?
Oui c'est cela en effet. 
  • Alors pour ton patient c'était un choix de vie mais pour toi c'est un abandon ? Deux poids deux mesures il me semble.
 C'est juste, semble-t-il. C'est ce que le commentaire de mon amie a suscité comme réflexion en moi et cette anecdote m'est venu comme je commençais à écrire ce blogue.
  •  Pourquoi cette double mesure? Qu'est ce qui est différent ? 
C'est une bonne question. La seule réponse qui me vient c'est ma peur de décevoir mon entourage en choisissant d'arrêter plutôt que de poursuivre la bataille. Remarque que je dis depuis le début que je ne me rendrai pas au point où la vie devient un  calvaire à cause des traitements. Je ne veux pas me rendre là. Je n'y suis pas remarque mais c'est ce qui m'attend si je poursuis.  Cela aussi c'est différent. Je peux comprendre le dialysé qui décide d'arrêter car c'est assez l'enfer que de vivre grâce à la dialyse, mais moi je vais quand même assez bien, même si ces dernières semaines la douleur et la fatigue ont eu le meilleur de moi et de ma qualité de vie. J'avoue que je me sens épuisé, chaque effort est de plus en plus difficile. Mais quand même c'est pas l'enfer ! Mais pourquoi attendre que ce le devienne? Pourquoi aller vers un chemin que je sais en sera un de souffrance? Pour quoi ? Pour qui?
  • J'ai l'impression qu'une partie de la réponse se trouve dans le POUR QUI, est-ce possible ?
Tu as sûrement raison. Mon amie m'a aussi demandé quand je commencerai à décider pour moi, à faire des choses pour moi ? Mais je ne suis pas seul, je n'ai pas juste moi à penser.  Enfin je ne suis pas capable de ne penser qu'à moi.  J'en ai souvent parler dans ce blogue. Mais il le faudra bien dans ce contexte-ci. C'est moi qui vit les conséquences personne d'autre. Tu vois ça ce n'est pas vrai tout à fait, car mon entourage vit aussi les impacts de mon état. Je pense à Nycole particulièrement, que je fasse un choix ou l'autre elle en subira les conséquences positives et négatives.
  • C'est ça la vie non ? Ceux et celles qui nous aiment sont affectés par nos choix non ?
Oui évidemment c'est le lot des relations intimes ou personnelles. Ouffff... c'est assez. Ma réflexion est en cours et je suis trop fatigué pour la terminer ce soir. Mais je suis heureux que cette anecdote de mon patient me soit revenue grâce à la question de mon amie. 

MERCI LA VIE.

jeudi 23 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLIII(343) - CHOISIR DE VIVRE

ENTRÉE CCCXLIII
23-11-2017
CHOISIR DE VIVRE ?

  • Tu poses la question ?
Le réponse semble évidente n'est-ce pas? Mais choisir la vie demande parfois beaucoup de courage. On n'a qu'à penser aux personnes qui souffre atrocement d'une maladie dégénérative, débilitante  ou de situations sans espoir. Le choix de vivre exige de se tenir debout (littéralement ou figurativement) au quotidien. Il peut être facile de faire le choix une journée de poursuivre malgré une douleur aigue, mais de vivre avec au quotidien peut créer un lâcher prise duquel on ne peut ou ne veut revenir. VIVRE est un choix en effet.
  • Qu'est-ce qui suscite cette réflexion de ta part ?
Oui c'est une bonne question. Je ne souffre ni de douleurs atroces, ni de symptômes dégénératifs ou débilitant. Je ne suis pas alité, ni paralysé alors pourquoi ce sujet du choix de vivre ? C'est un sujet qui habite mes pensées depuis le début de ma maladie et je crois lui avoir fait honneur en choisissant tant que je l'ai pu  de vivre. Que ce soit les nombreuses rencontres en famille, les quelques voyages qu ej'ai pu faire, les vacances au bord du lac, l'écriture de mon livre JE NE SERAI PAS MORT AVANT DE MOURIR (http://fr.blurb.ca/b/8288790-je-ne-mourrai-pas-avant-d-tre-mort), que ce soit ce blogue, l'appréciation de la nature qui m'entoure etc...
  • Alors pourquoi donc aborder ce sujet ?
Je ne suis pas certain vraiment. La question me trotte dans la tête, donc j'ai choisi d'écrire. La question c'est QUE VEUT DIRE CHOISIR DE VIVRE ? Mes patients en soins palliatifs m'ont appris que face à la mort, choisir de vivre veut surtout dire être cohérent avec sa réalité, sa vérité ou même accepter que son égo mène jusqu'à la fin si c'est cohérent avec sa vie.
  • Et pour toi ? Choisir de vivre veut dire quoi ?
Ne pas se laisser abattre par ARNOLD. Ne pas lui donner le pouvoir. Demeurer en contrôle de ce que je peux encore contrôler. Mais surtout demeurer serein et dans la foi. J'ai admiré la sérénité de ma tante lorsqu'elle est décédée.  Je crois que la vie prend tout son sens dans cette capacité de se brancher sur sa foi, ses croyances , sa spiritualité pour aider à faire face au quotidien.
  • Tu y arrives ?
 J'ai vécu de beaux moments dans les deux dernières années. Des moments riches de VIE. Récemment j'ai présidé la célébration de mariage de ma fille Mélissa et son conjoint François. Quel beau moment riche en émotions. Mais sans que ce soit aussi grandiose il y a eu plusieurs moments où j'ai rendu grâce pour la VIE. 
  • Je sens un mais ...
Mais je sens aussi que cela devient plus difficile pour moi et que je me sens plus fébrile,  plus "anxieux" d'une certaine façon. J'ai besoin de plus en plus de me centrer sur mes ressources spirituelles et je trouve cela difficile. J'aimerais reprendre ma pratique religieuse régulière mais je n'ai pas la patience. Récemment une amie me demande de prendre quelques jours de retraite  chez les pères trappistes et tout en moi disait NON! J'ai peur de me retrouver seul, face à moi même et ARNOLD. Donc ARNOLD gagne ! Ça je n'aime pas vraiment car ces jours-ci je trouve qu'il gagne pas mal souvent. J'annule des activités, je n'entreprends pas de projets, je reste plus à la maison à cuisiner, je sors peu ou pas ou si je sors je m'épuise rapidement. J'ai un peu plus une tendance à m'isoler, je suis plus impatient face à mes traitements et mes limites. Bref pas très serein, pas bien dans ma peau.
  • Le choix de vivre devient difficile ?
 Je me sentirais un peu ridicule de dire cela de peur que ce soit mal compris. Je ne veux pas mourir évidemment. Je n'ai pas suffisamment de "raisons" de vouloir en finir avec ma vie. Mais VIVRE c'est plus que juste respirer. Ces jours-ci c'est cela qui m'habite je pense. Je ne veux pas devenir seulement un "respirant". J'ai peur de perdre le goût de vivre, de rire, d'aimer, de me lever le matin, de me laver, de sortir etc... Cela peut sembler gros car je fais tout cela en ce moment. Mais je sens que mon moment présent change. Que j'ai de plus en plus de misère à rester VIVANT dans mon présent. 
  • J'avoue que je suis surpris de t'entendre ?
Honnêtement moi aussi car la pensée se précise en écrivant. Ce n'est pas tragique pour le moment ce n'est que de l'appréhension.  Mais c'est anxiogène pour moi cette appréhension. Je veux VIVRE le plus longtemps possible. Je ne veux pas céder la place au "respirant". VIVRE c'est choisir et CHOISIR c'est vivre. J'ai souvent dit que je voulais VIVRE MA MORT et non MOURIR MA VIE! Je souhaite être fidèle à ce souhait le plus longtemps possible.

MERCI LA VIE.

mardi 14 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLII(342) - PLEURER

ENTRÉE CCCXLII
14-11-2017
PLEURER

  • Ooopppsss ça sonne triste non ?
Oui en effet, comment vivre cette maudite maladie  sans que l'entourage vive de ces moments où la tristesse prend le dessus et l'inévitable prend douloureusement vie.  En ces moments rien à faire, rien à dire autre que d'accueillir.
  • Et tu es capable de faire ça?
Avec toute mon expérience en accompagnement je suis un peu gêné de dire que   non au début j'ai tenté de faire taire les pleurs, ensuite de faire des blagues et FINALEMENT j'ai juste accueilli.
  • Quand même tu y es arrivé, sans t'effondrer toi même?
J'ai fait un effort j'avoue, mais les larmes ont tout de même coulées et c'est bien correct ainsi. Même si je crois que les larmes sont un cadeau de Dieu et une preuve indéniable que nous sommes encore et toujours en vie, ce n'est pas toujours facile de les accepter pour soi même.
  • Paradoxale non ?
Absolument, c'est comme si le premier réflexe est de les cacher des autres. Seul je n'ai aucune misère à pleurer, croyez moi. Quand les autres sont là j'ai tendance à être plus pudique (même si cela a changé beaucoup) mais quand quelqu'un d'autre pleure je ne veux pas ajouter alors j'ai tendance à retenir mes émotions.  Mais aussi, cela peut sembler bizarre, mais le fait de rester "calme" me permet de goûter la sacralité du moment. Évidemment il ne serait pas moins sacré si je pleurais aussi, mais j'accueille tout l'amour que les larmes de l'autre me témoignent.
  • Tu vois les larmes comme un signe d'amour?
Oui absolument. Je disais souvent aux familles de mes patients de ne pas être gêné de pleurer devant leur proche il  comprendra l'importance qu'il a dans vos vies. Pleurer pour l'autre n'ajoute pas à son fardeau, d'une certaine façon il peut même l'alléger. Confirmer son importance, valider sa "valeur" si on veut.
  • Pourtant les larmes font toujours peur, ou intimident, ou gênent non?
Oui en effet, les larmes sont souvent la voix du coeur profond, c'est un peu une mise à nue.  D'où l'inconfort je pense. Un inconfort qu'il reste à apprivoiser.

MERCI LA VIE !

samedi 11 novembre 2017

ENTRÉE CCCXLI(341) - TROP EXCITÉ !

ENTRÉE CCCXLI
11-11-2017
TROP EXCITÉ !

  • Ah oui  excité ?
Comme une puce sur le RED BULL ! Grâce au travail généreux et déterminé d'Yvon  mon manuscrit est finalement publié. Je suis absolument énervé, incapable de dormir ou de penser à autre chose. Il est 23h33 au moment d'écrire ces lignes, mais je tente de me calmer en écrivant un peu.
  • Ce projet te tenais évidemment à coeur, pourquoi?
Cette question je me la pose depuis le début de l'écriture l'an dernier. Il n'y a pas qu'une seule réponse car plus d'un niveau. D'abord ces récits, car ce sont des récits de vécu avec mes patients aux soins palliatifs, sont de belles histoires de résilience et de cheminement avec de belles leçons de vie. Je tenais à les faire connaître. Je ne voulais pas qu'elles ne meurent avec moi. À un autre niveau, ces récits racontent aussi mon expérience avec ces personnes, mon travail auprès d'eux et les apprentissages que j'en ai retiré. En les écrivant c'est comme si moi aussi je ne meure pas tout à fait.  Mon histoire aussi se continuera par ce livre. Et finalement je crois que ce livre peut aider d'autres personnes à faire face aux défis de leur vie.
  • Important pour toi ce dernier volet ?
Oui c'est important. Si je peux encore aider quelqu'un dans son cheminement cela me touche beaucoup. J'ai l'impression d'être encore utile. Mais surtout j'ai un grand besoin de raconter ma vie. Ceux et celles qui m'entourent savent que je peux parler longuement de ma vie. Je la juge suffisamment signifiante pour qu'elle soit racontée. Prétentieux ? Peut-être mais je sais reconnaître la valeur de mon cheminement, de mon travail, de ma foi. Mon blog en est un échantillon. J'aime les histoires de vie, des histoires sacrées, la mienne l'est tout autant que celles des autres.
  • Que souhaites-tu pour ce livre ?
Je le publie à compte d'auteur et ne fais aucun sou, donc mon objectif n'est pas financier. Je souhaite qu'il soit lu et partagé. Que ces histoires vivent encore longtemps, Que mon histoire se propage aussi.  Et qu'il inspire la vie des autres. Alors pour se le procurer en version papier maintenant ou en version électronique dans 24 heures voici le lien:

http://fr.blurb.ca/b/8288790-je-ne-mourrai-pas-avant-d-tre-mort

 Partagez ce lien ne vous gênez pas. Et si la lecture du livre vous inspire des réflexions, merci de me les partager.

MERCI LA VIE et merci YVON!

vendredi 3 novembre 2017

ENTRÉE CCCXXXIX(339) - L'AU-DELÀ !

ENTRÉE CCCXXXIX
03-10-2017
L'AU-DELÀ !

  • Oh la la j'ai presque peur de demander le sens de ce titre.
Oui je sais j'ai bien hésité avant de le choisir mais mes deux sujets aujourd'hui touchent l'au-delà d'une certaine façon, bien qu'ils soient très différent l'un de l'autre. Bon je me lance. J'ai reçu aujourd'hui dans mes courriels un texte écrit par Stéfan Thériault, directeur du Centre le Pèlerin. Un excellent texte sur un sujet pas facile soit la COMMUNION DES SAINTS. Mais c'est le paragraphe suivant, entre autres, qui a retenu mon attention et m'a fait un bien énorme. "Cette communion (la communion des saints) repose profondément sur une réalité simple : Dieu est amour et parce que l'amour est Dieu, il est éternel.  L'amour que nous vivons entre nous, l'amour qui nous a permis de communier les uns aux autres durant notre vie ne peut disparaître.  L'amour, et en ce sens la vie, en nous est préservé. La mort n'a aucune emprise sur elle, car la mort ne fait mourir que la mort en nous.  Dieu n'est donc pas le vilain qui nous arrache cruellement nos proches mais celui qui préserve avec grande tendresse non seulement nos proches mais l'amour qui nous a unis à eux."
  • Oui en effet c'est un beau texte pour un croyant.
Oui évidemment. Je suis croyant surtout en un DIEU des VIVANTS et non des morts. Je crois profondément que c'est dans la VIE que Dieu se révèle. J'ai été touché de lire comment Stéfan propose une vision de la mort que ne fait mourir que la mort en nous. Ce qui est VIVANT ne mourra jamais. Comme l'AMOUR est sans finitude dans le coeur de la personne aimée, il ne peut mourir.
  • Cela est important pour toi ?
Oui important et angoissant. 
  • Ah bon ? Explique.
 Important parce que cela donne sens à toute ma vie et rend ma vie importante et signifiante de façon perpétuelle si je puis dire, quoi que rien n'est perpétuelle je pense bien. Angoissant parce que je ne peux m'empêcher de me demander si j'ai suffisamment aimé pour que je reste bien vivant dans le coeur des miens. Pourrai-je continuer à aimer jusqu'à la fin ? Serai-je trop centré sur  moi au coeur de la tourmente ? Sûrement que oui mais je pense qu'on me le pardonnera. Je tenterai de tout faire pour continuer à aimer même quand je trouve difficile de me rendre présent parfois.
  • Crains tu le jugement de Dieu ?
Pas du tout. Je crains bien plus mon propre jugement et celui des personnes qui m'entourent que celui de Dieu. Je suis confiant que Dieu saura voir les efforts que j'ai fait pour bien vivre ma vie. Il saura pardonner mes limites, j'en suis convaincu. 
  • Tu crains vraiment le jugement des autres ?
Oui d'une certaine façon, cela me tracasse que je puisse quitter cette terre n'ayant pas  fait la paix avec quelqu'un que j'aurais pu blesser. En même temps, je sais bien que personne ne fait l'unanimité mais cela me dérange quand même. Je m'en remettrai sûrement,haha.
  • Tu disais deux sujets"
Oui le deuxième est un peu plus difficile. Un proche de ma famille me disait aujourd'hui avoir consulté un médium et avoir pu parler à ma mère qui est décédée il y a deux ans. Elle se dirait heureuse, sereine et contente de sa famille. Elle aurait parlé de moi en disant qu'elle est souvent auprès de moi, qu'elle m'accompagnait à mes rendez-vous médicaux. Ouuff, ouuff et re-ouuff!
  • Comment réagis-tu? Crois-tu cela?
Je suis très ébranlé je l'avoue. Ébranlé parce que je voudrais y croire tellement. Je suis assez sceptique devant ce genre de chose. Mais cette personne affirme avoir eu des informations que seul maman pouvait savoir. Et je n'ai aucune raison de douter de sa parole. Alors je suis ébranlé. Je sens que je vais chercher des signes de sa présence partout maintenant. Plus que je ne le faisais déjà depuis son décès. Ouff juste d'en parler cela me perturbe un peu, je pense que je vais arrêter cela ici. Dire que jadis j'ai fait des séances de OUIJA pour communiquer avec les esprits. Ayoyyyy!

Merci la VIE, et puis salut maman si t'es là là !

ENTRÉE CCCXXXVIII(338) - PARTI !

ENTRÉE CCCXXXVIII
02-11-2017
PARTI !

Il est parti, comme un voleur, disparu à tout jamais.
Le temps de la quiétude, de l'insouciance, du plaisir pur.
Impossible de le rattraper, impossible de le reprendre.
À tout jamais et pour toujours parti.

Le temps de l'orgueil, de la virilité, de la prétention
ne m'appartient plus, n'est plus possible.
Il est parti au moment où tu m'as charcuté, empoisonné,
Que tu as envahi ma vie, que tu as pris le contrôle.

Le temps des projets, de la transformation du monde
est devenu un vague souvenir, une brève parenthèse
Comme celui de la liberté, de la confiance, de l'abandon
Arraché à ma vie en quelques secondes, avec quelques mots:
cancer, stade quatre, terminal, quelques années tout au plus.

Même le temps de la prière, de la foi, de la certitude
transformé ad vitam aeternam, sans avertissement.
Les fleurs et les oiseaux ont même changé de couleurs
Parfois plus ternes, parfois plus éclatantes, mais différentes.

Non ce temps n'est plus, en tout cas plus pareil.
Il a changé, il s'est transformé. il m'a abandonné sans façon.
Il s'est transformé ? Abandonné ? Oui et non.
Il est toujours là le temps. Présent au moment, par moment.

Il me reste de lui la rage de le ralentir, de le capter.
Il me reste de lui le défi d'en faire un ami, un nouvel ami.
De le redécouvrir dans le ici et maintenant de ma réalité.
De lui faire confiance à nouveau! Oufff est-ce possible ?

Cancer, stade quatre, terminal, quelques années tout au plus.
L'arrogance du début fait place à la fatalité, la vérité.
Il est parti le temps de l'arrogance ! 
S'installe brutalement le temps de la vérité.

Mais quelle vérité ? Quel temps ?
Celle qui me permet de jouir du moment qui est là !
Celui qui me donne encore le goût de vivre !
Ce temps là je n'ai pas le droit de le laisser partir !
Pas tant qu'il me donne vie ! Une vie différente certe, mais une vie néanmoins.