ENTRÉE CCCXIV
27-06-2017
LA DÉPRIME
Une autre étape du deuil, mieux connu celle-là. Depuis qu'ARNOLD est dans ma vie je le connais bien l'étape de la déprime. Je vis avec régulièrement. Mais là je pense que je suis vraiment dedans. Pas une dépression, je ne crois pas. Mais un sentiment déprimé. Un sentiment qui me tenaille constamment, qui ne me quitte pas vraiment, mais qui en même temps ne m'handicape pas trop. Cependant il est là, me rappelant ma fragilité devant l'éventualité d'une occlusion, d'une progression du cancer, d'une complication quelconque, la finalité.
On dirait que chaque moment de la journée passe par la lunette de la finalité, cela devient lourd un peu. Je pleure quand les enfants m'annoncent qu'ils ont loué un chalet sachant à quel point je l'ai apprécié l'an dernier; je pleure quand je vois les enfants travailler autour de la maison alors que moi j'en suis si peu capable; je pleure quand ils quittent et quand ils arrivent, je pleure ne regardant le petit paradis qu'est ma cour arrière, quand les oiseaux me font le cadeau de leur présence et de leur chant, quand mes amis viennent partager de la bagosse en décapotable pour que l'on puisse voir le feu d'artifice. Parfois ces pleurs s'extériorisent et parfois ils sont intérieurs cachés comme un trésor.
Mais la déprime ce n'est pas que des pleurs, C'est aussi une étape réflexive où je me "perds" dans mes pensées. Je m'absente du présent un peu, ou devrai-je dire que mon présent devient absence ? Une absence qui est présente à une réalité à devenir: ce que je quitte, ceux et celles que je quitte. Perte de temps certes, si on veut vivre pleinement le moment présent, mais étape essentielle. Même si l'anticipation tire vers le futur, elle fait beaucoup partie de mon présent. C'est aussi ça vivre le moment présent.
Devrai-je prendre la médication pour la déprime ? La question est valable je pense bien, mais pour moi il n'est pas encore temps de geler ce que je ressens. J'accepte que je dois passer par cette étape et que finalement mon parcours est parsemé d'étapes plus ou moins plaisantes. C'est la vie, c'est aussi ça vivre !
Les conséquences de la déprime pour moi cependant c'est que j'aurai tendance à m'isoler, à me refermer sur moi même, à devenir plus taciturne. Ce n'est pas mon désir, mais une réaction à cet envahissement de la déprime. Le mot est certes un peu fort mais disons que sa présence quasi constante, causée par l'anticipation de la finalité, a comme conséquence de me garder dans un état un peu solitaire et détaché. Mes silences en sont un symptôme. Moi qui ne parle pas ? Il faut s'inquiéter. Quoi que j'accepte cette réalité, je dois dire que je la combat aussi afin de tenter de demeurer dans le présent et non pas me projeter dans le futur. Se projeter dans le futur, me fait "perdre" le moment présent. Un bon souper entre amis, pourrait être "perdu" facilement si je reste dans la projection que je n'aurai plus ces occasions. Je ne veux pas les perdre ces moments présents. Donc, sans nier la déprime qui m'habite je ne veux pas me laisser engloutir par elle. Il y a trop de vie à VIVRE !
Cette dernière phrase peut sembler paradoxale avec ce que j'ai écrit sur l'isolement. Il y a trop de vie à vivre, mais j'ai tendance à m'isoler et à me refermer sur moi même. C'est vrai que c'est paradoxale. Dans cet état je ne serai "jamais" celui qui prendra les devants, qui initiera les contacts. Je suis fait ainsi. Mes expériences de rejet sont nombreuses et marquantes.
Heureusement je suis bien entouré par des gens qui m'aiment, qui me soutiennent et qui savent m'écouter et m'accueillir dans ma réalité. C'est un cadeau de la vie. Aussi j'ai une armée de gens qui prient pour moi et qui pensent à moi et toute ma famille. Une de mes dernières entrées dans ce blogue a suscité plus de 700 lecteurs et lectrices. Je ne suis pas seul de toute évidence. Comment ne pas dire MERCI LA VIE!
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