dimanche 25 février 2018

ENTRÉE CCCLXIII (363) - GESTION DE DOULEUR

ENTRÉE CCCLXIII
25-02-2018
GESTION DE DOULEUR

Pendant mes 20 années en soins palliatifs j'ai souvent entendu les médecins et les infirmières discuter de la gestion de la douleur. Je trouvais cela beau de voir comment l'équipe de soins a à coeur le soulagement de la douleur. Eux soulagement physique et moi soulagement moral. Et parfois l'un affectait l'autre n'est-ce pas ?

Mon transfert en soins palliatifs me rassurait pare que je me disais au moins je serai soulagé de ma douleur physique. Cela me rassurait de savoir que le principal objectif en soins palliatifs est le confort et le soulagement des symptômes de la maladie et des effets secondaires des médicaments.

Il y a une différence évidemment entre être l'observateur et le sujet.  Cette différence se déplie de plusieurs façons dont la plus importante probablement c'est le vécu comme sujet avec la douleur. Vivre avec la douleur est un défi de chaque moment. Il faut le vivre pour le savoir. L'observer est une chose mais le vivre est tout autre chose. Il s'agit de penser à votre propre expérience avec un mal de dent, une migraine, une fracture, une chirurgie et vous aurez un début de compréhension. Vivre avec la douleur et l'espérance de la soulager jour après jour est une expérience semblable mais amplifié.

Amplifié parce qu'en plus de la douleur on porte l'inquiétude de sa source. C'est quoi cette douleur là? Le cancer qui avance ? Etc... Amplifié parce que l'attente que la douleur soit soulagée est déçue parfois. On a beau avoir accès à de la morphine sous différente forme, longue durée et entre dose, mais la douleur persiste. Cela prend un certain temps avant de parfaire le dosage pour un soulagement optimal. Inutile de préciser que dans mon cas on a pas encore trouver . Alors je vis au quotidien avec la douleur que je tente de soulager. La magnifique équipe médicale qui m'entoure le fait très bien durant cette période de recherche du soulagement.

Amplifié aussi cette expérience avec la douleur parce qu'il faudra être naïf de penser que le soulagement sera totale cent pour cent du temps. Donc il faut apprendre aussi à intégrer cette douleur dans la réalité du quotidien sans lui donner le pouvoir de tout ruiner sur son passage. C'est tout un défi. Comment faire ? Comment soulager et comment intégrer le non soulagement au besoin.

En premier lieu je commence à comprendre qu'il faut suivre les indications de l'équipe médicale et prendre la morphine tel qu'elle nous l'indique. Évidemment il y a des effets secondaires mais l'équipe saura gérer ses effets là au besoin. C'est important car cette gestion permet l'autre aspect de la gestion de la douleur et j'ai nommé l'activité. Je découvre que c'est une belle façon de gérer une douleur légère que de lui tenir tête en continuant quand même des activités. Par exemple recevoir de la visite, aller au resto, prendre une marche, magasiner etc... Quand on dit que c'est bon pour le moral, c'est vraiment cela.

J'ai eu la chance de vivre une très belle visite récemment d'un couple que j'aime beaucoup, Ce fut une rencontre profonde de sens et parsemé d'émotions. Elle m'a fait du bien au moral mais aussi à la douleur que j'avais à ce moment là.  Cela s'ajoute aux visites régulières qui me font un grand bien et qui me permettent d'oublier un tant soit peu la douleur. Elle est toujours là, mais j'y consent et ne la laisse pas tout ruiner. Pas toujours facile ou possible, mais l'ouverture au consentement est aussi une ouverture à la vie. Un ami m'envoie cette citation de Juan F. Carrillo  il y a quelques jours: "Le consentement est toujours un amour, non une résignation morose." Pourrait-on dire un amour envers les autres mais surtout un amour envoie soi même?

Demain c'est le lancement officiel de mon livre JE NE MOURRAI PAS, AVANT D'ÊTRE MORT (http://bit.ly/2FYUkQk) croyez moi que je ne laisserai pas la douleur m'enlever le plaisir de cette belle reconnaissance qu'ont organisé mes enfants. S'il faut que je sois "gelé" je le serai haha, mais j'ai l'intention de goûter au maximum à ce moment. Imaginez donc, le lancement de MON livre, qui l'eut cru! Entéka pas moi, pas à cette étape de ma vie. Récemment un journaliste local est venu m'interviewer entre autre pour mon livre et quand j'ai vu l'article dans le journal je n'en revenais pas moi-même. Cela m'a amené à faire un retour des deux dernières années et je suis assez d'accord avec les personnes qui trouvent que c'est tout un exploit d'avoir écrit un livre durant les pires moments des traitements de chimio et des effets secondaires.  Je comprends que mes enfants veulent le souligner, C'est une belle reconnaissance. Alors douleur ou pas je vais le vivre au maximum.

MERCI LA VIE.



Aucun commentaire:

Publier un commentaire